Et si bâtir dans son jardin permettait de réinventer les villes ?

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Comment bâtir en ville tout en évitant l’étalement urbain ? C’est le projet du concept BIMBY : construire de nouveaux logements sur des tissus pavillonnaires existants. BIMBY, qui signifie " Build in My Back Yard ", ou "construire dans mon jardin" en français, est un nouveau mode de développement pour répondre à la demande de logements, sans avoir à aménager les sols agricoles. Mais quels sont les avantages de ce nouveau mode de développement ? Comment mener à bien un projet BIMBY ? On fait le point.

Qu’est‑ce que le concept BIMBY ? 

Les villes françaises font face à plusieurs défis en termes d’urbanisme. D’un côté, elles doivent répondre à la demande de logements de la population. Et de l’autre, elles doivent limiter l’étalement urbain, qui entraîne l'artificialisation des sols et éloigne les populations de l'accès à l'emploi et aux services. 

Pour pallier ces enjeux, le projet BIMBY, initié en 2007 par Benoit Le Foll et David Miet, tend à bâtir de nouveaux habitats dans les jardins, les terrains ou les parkings de propriétaires. L’objectif est de permettre la densification des communes grâce à la réserve des zones pavillonnaires existantes. Cette production de logements, qui s'appuie sur des initiatives privées encadrées par la collectivité, s'appelle la densification douce. 

Au lancement de l’opération BIMBY, plusieurs territoires français ont mené à bien le projet, notamment la ville de Périgueux, les communes du Creusot et de Saint‑Vallier, les territoires des Vosges Centrales et du Grand Nevers. À la suite de cette expérimentation réussie, d’autres territoires métropolitains, dont les marchés fonciers et immobiliers sont tendus, ont souhaité inclure le BIMBY dans leurs possibilités d’offre de logements. 

En France, on compte 14 millions de maisons individuelles. Pour les soutiens de la démarche BIMBY, l’objectif est qu’une maison sur cent voie son propriétaire décider de diviser son terrain. Ainsi, la filière BIMBY obtiendrait 140 000 terrains à bâtir.  À savoir que les maisons construites sur une division de parcelle font généralement entre 90 et 100 m2.  

 

Comment mener un projet BIMBY ?

Il y a différentes façons de mettre en œuvre une démarche BIMBY : 

  • Un propriétaire peut vendre une partie de son terrain afin qu’un tiers y construise une maison. 
  • Un propriétaire peut effectuer une division parcellaire et bâtir lui‑même un nouvel habitat. 
  • La vente d'un terrain à bâtir peut servir au financement de la rénovation énergétique du parc bâti existant. 

Pour construire une maison neuve ou diviser un terrain, les propriétaires doivent s’assurer que la surface est constructible, et que le projet répond aux règles d’urbanisme de la commune. Pour cela, il est nécessaire de demander un certificat d’urbanisme auprès du service éponyme de la ville. 

Une fois le certificat obtenu, il faut contacter un géomètre. Ce dernier délimite ensuite la nouvelle parcelle pour l’inscrire au cadastre. Enfin, le propriétaire réalise sur le terrain à bâtir l’ensemble des travaux pour la construction d'un bâtiment. Cette étape, appelée la viabilisation, est indispensable pour la mise en vente du terrain, ou pour la construction d’une maison neuve.

 

Bâtir, mais pour quels résultats ?

Réaliser une opération BIMBY procure aux propriétaires et aux villes de nombreux avantages. Tout d’abord, cette opération permet une offre de terrains à bâtir abordable et bien située. La densification des villes continue sans étalement urbain, ce qui assure la protection des sols agricoles. 

Le BIMBY permet également aux personnes âgées de rester dans leur domicile. Elles peuvent construire une maison plus adaptée à leur condition physique, ou bien financer l’aménagement de leur maison actuelle par la vente d’une parcelle de terrain. 

Ce nouveau mode de développement est un atout financier pour les propriétaires. Ils touchent une somme d’argent grâce à la vente d’un terrain à bâtir. Autrement, s’ils décident de construire un nouveau logement à louer, ils s’assureront un revenu locatif. Cette somme d’argent peut aussi financer la rénovation énergétique du parc bâti existant. 

Enfin, en produisant des logements dans des zones déjà pavillonnaires, les villes voient leur population se densifier. Cela permet entre autres l’ouverture de nouveaux commerces, et la dynamisation des centres‑villes.